- Qu'il n'y ait pas de méprise: la Brigade de Savoie n'a pas participé, le dimanche 18
juillet 2004, à une joute gastronomique! La bataille de l'Assietta est une des plus
célèbre du règne de Charles-Emmanuel III: elle fut disputée à plus de 2500 mètres
d'altitude le 19 juillet 1747. Cette date est importante pour l'histoire piémontaise, car
ce qui pouvait causer la fin des États de la Maison de Savoie fut un véritable triomphe.
- Au cours de la guerre de succession d'Autriche (1740-1748), le roi de France Louis XV
décida en 1747 l'invasion de la Hollande et du Piémont. Les forces franco-espagnoles du
maréchal Fouquet de Belle-Isle et du général Las Mibras traversèrent le Var,
occupèrent Nice et Villefranche, et allèrent jusqu'à San Remo. En même temps le
chevalier de Belle-Isle, frère du duc, descendit du Dauphiné en Piémont. Les Français
décidèrent de marcher sur Turin avec les 50 bataillons commandés par Belle-Isle, et
avancèrent le long de la crête qui sépare la vallée de Suse du Val Chisone se trouvant
face aux avant-gardes piémontaises.
- La défense des passages avait été confiée aux bataillons du comte de Bricherasio,
postés sur le contrefort de l'Assietta. Bricherasio plaça 7 bataillons sur l'Assietta
dans des tranchées et fortifications de campagne. Il avait à sa disposition 7400 hommes
avec les trois bataillons piémontais, savoisien et sarde, quatre suisses et quatre
autrichiens.
- Belle-Isle, avec les franco-espagnols, avait passé le Montgenèvre à la tête de 32
bataillons. Le 19 juillet il attaqua l'Assietta. Quatre fois les assauts furent repoussés
par les Piémontais. Au cinquième assaut, Belle-Isle fut tué et sa place fut prise par
Villemur, qui lança la sixième attaque. Le comte de Bricherasio ordonna alors la
retraite aux Piémontais de San Sebastiano qui, n'obéissant pas, se maintinrent sur leurs
positions. Cet acte de désobéissance valut la victoire.
- Repoussé, Villemur abandonna le col de l'Assietta, décrétant la victoire
piémontaise. La Bataille avait duré tout le jour. Les assaillants se retirèrent après
avoir perdu près de 5000 hommes, 400 officiers et le commandant Belle-Isle.
- Le résultat de ce combat accrut de beaucoup le prestige du royaume de
Piémont-Sardaigne. Chaque année le Piémont commémore ce haut fait d'armes.
- Ainsi le 18 juillet 2004, plus de mille participants venus de tout le Piémont
s'étaient rassemblés à plus de 2500 mètres d'altitude pour une journée anniversaire
et de rencontre. Cette journée commença à 10 heures par une messe en plein air, dite en
langue piémontaise. Le prêtre pria pour la Savoie, demandant à Dieu de lui accorder la
pais et la santé. Après l'office, le prêtre vint saluer chacun des membres de la
Brigade de Savoie.
- La cérémonie était rehaussée par la présence de deux groupes historiques
piémontais en costumes d'époque (1747), de carabiniers en grande tenue, d'Alpini
coiffés de leur traditionnel chapeau à plume, de représentants de l'armée italienne,
et d'anciens Alpini en uniforme arborant des drapeaux du Piémont. Les deux groupes
piémontais et la Brigade de Savoie défilèrent à travers le camp sous les
applaudissements de la foule et l'il des caméras de la RAI et des innombrables
appareils photo.
- Le point fort de la journée fut la reconstitution de la bataille par les deux groupes,
l'un étant l'assaillant franco-espagnol contre le piémontais, avec tirs de canon et au
fusil d'époque. Il est à noter que les ordres dans l'armée piémontaise étaient
donnés en français: "en joue", "feu", "en avant",
"cessez le feu". Le déroulement de la bataille était commenté au micro par le
général Amoretti, directeur du musée de l'armée de Turin.
- Autre point fort de cette journée: à la fin de la cérémonie, les deux groupes
historiques piémontais firent une haie d'honneur aux "frères perdus" en
présentant les armes, les officiers levant leur chapeau.
- Le repas pris en commun sous une tente, comme pour une armée en campagne, fut servi par
des Piémontais en costume traditionnel, et le vin servi "a volontà" par les
Alpini. Au dessert, le chant des Allobroges sortit des poitrines des hommes de la Brigade
de Savoie, pour le plus grand bonheur de l'assemblée. Le repas comportait, bien entendu,
la polenta et les saucisses, plat préféré de tous.
- Ainsi nous avons pu desserrer les liens fraternels qui unissent Savoyards et
Piémontais, riches de mille ans d'histoire commune.
- Michel Vibert et Jean-Claude Garin,
- avec nos vifs remerciements à Marc Mogenet, de Samoëns, pour sa documentation
historique.
- NB: La Brigade de Savoie recrute des volontaires et des vivandières, pour revivre
ensemble de bons moments d'amitié à partager. Une aide financière est prévue pour
l'achat de l'uniforme.
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