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HISTORIQUE de la BRIGADE de SAVOIE blasonpe.jpg(2958 octets) LES GRANDES HEURES DE LA BRIGADE DE SAVOIE
MANIFESTATIONS

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LA BRIGADE DE SAVOIE
 
LES GRANDES HEURES DE LA BRIGADE DE SAVOIE
 
 
1660/1860
 
En 1557, le duc Emmanuel Philibert, victorieux des armées françaises à Saint-Quentin, rentre dans ses Etats.
Il va mettre en œuvre de grandes réformes, l'une importante, la suppression des troupes mercenaires, pour les remplacer par des milices locales.
L'Edit de Verceil est clair :
"Nous avons décidé d'établir des gens de guerre qui soient nos propres sujets. Ils ne serviront pas comme mercenaires mais comme en leur cas propre pour la défense de leur prince et de leur patrie".
Les paysans s'habitueront plus ou moins vite à l'idée d'aller au régiment et toute la noblesse savoyarde fera du service aux armées du prince une de ses grandes traditions.
Le duc Charles-Emmanuel poursuivra l'œuvre de son père en créant des régiments permanents de volontaires.
En 1660, naîtra la Brigade de Savoie, confirmée par un décret ducal de 1664. En hommage à Saint-Maurice, son premier cri de guerre sera :
 
"SAVOIE – SAINT –MAURICE"
 
Cette Brigade aura pour particularité de porter toujours, quel que soit le changement d'uniforme, une cravate rouge la distinguant de tous les autres corps.
Pour son recrutement, les officiers choisissaient dans chaque paroisse, parmi les hommes de 20 à 30 ans, de taille égale, les plus robustes, les mieux tournés.
Dans la longue guerre de plusieurs années contre les Français de Louis XIV, la Brigade de Savoie se signalera avec éclat.
Lors de la prise de Nice en 1691 par Catinat, on laissera sortir le détachement Savoie avec les honneurs de la guerre.  Elle pourra tirer gloire de sa magnifique résistance à Cuneo où, pour aider les assiégés, un fort détachement de Savoie pénétrera dans la place.
Elle défendra vaillamment Montmélian et Verceil.
Dans la malheureuse bataille de Staffarda, le régiment de Savoie en 1ère ligne perdra en quelques heures son colonel, plusieurs capitaines et un grand nombre d'hommes.
Elle sera présente dans Turin en mars 1706, quand les Français assiègeront pendant quatre mois la capitale des Etats de Savoie.
Le régiment de Savoie est alors réduit à un bataillon de 576 hommes.
Pour dégager la ville, les cravates rouges tenteront 34 sorties. Le 26 août, les Français sortent de leur retranchement pour une attaque qu'ils veulent décisive.
Dans ce furieux combat de nuit, les Savoyards semblent faiblir. Leur héroïque major de Seyssel d'Aix ranime leur bravoure, l'ennemi ne passera pas.
Importantes pertes pour la Brigade de Savoie : une centaine d'hommes, des capitaines, des lieutenants, des blessés en grand nombre.
L'arrivée du Prince Eugène et ses troupes va changer le sort des assiégés. Bataille victorieuse le 7 septembre 1706, livrée par Victor Amédée II et le Prince Eugène, délivrant Turin.
Dans le calme des jours suivants, Favre, brave soldat blessé, écrit à son père à Abondance : "Envoie-moi une douzaine de fromages d'Abondance et de l'argent pour m'acheter une jambe de bois".
Le Duc Victor Amédée avait fait vœu, si Turin était délivrée, de construire une basilique. La "superga", merveille architecturale, est l'accomplissement du vœu.
 
 DRÊT-HIÔT
 
1742       -  la guerre de succession de l'Autriche
 
Le roi Charles Emmanuel, allié des Anglais et du Saint-Empire, se défend contre les Français et leurs alliés espagnols.
Ces soldats espagnols occuperont la Savoie pendant 6 ans, ne laissant pas bon souvenir.
La guerre se déroule dans les hautes vallées de la Varaita –du moins- de la Stura. La Brigade de Savoie, partout présente au combat, perdra son colonel de Seyssel, son capitaine-major, une vingtaine d'officiers et de nombreux hommes mais s'illustrera à la bataille de Campo-Santo, de la Bagnina, de Notre-Dame de l'Olmo.
Les forces franco-espagnoles, parties de Briançon, marchent sur Turin. Les cols alpins sont défendus par de grandes forteresses telles que Fenestrelle, etc.
Les Français tentent le passage le long de la Crête qui sépare le Val de Suse, du Val Chisone.
La défense a été confiée aux avant-gardes savoyardes et piémontaises, composées de 7 bataillons alors que l'ennemi en avait 39. Sur le Col de l'Assiette, à 2600 mètres d'altitude, ils construisent des tranchées, des murets de pierre de palissades.
Le 17 juillet 1747, il recevront là, à 5 reprises, le choc des assaillants qui lors de la dernière attaque seront refoulés définitivement après la mort de leur chef le Marquis de Belle Ile. Cette bataille du Col de l'Assiette, devenue mythique, est encore célébrée de nos jours. Elle sauva le royaume de Sardaigne que s'étaient partagé d'avance  espagnols, français et autrichiens.
 
DRÊT-HIÔT
 
de 1793 à 1800
 
Marengo
 
Le 22 septembre 1792, le Général de Montesquiou, avec les troupes françaises de la Révolution, envahit et occupe toute la Savoie qui devient, en décembre, le 84ème département français.
Pourtant, en Piémont, de 1793 à 1796, la guerre continuera, dans les montagnes, dans les vallées alpines, contre les envahisseurs.
En octobre 1794, dans une escarmouche près d'Argentera, le caporal savoyard "sans Souci" sera médaillé pour avoir, à lui seul, arrêté l'ennemi, dans un étroit sentier, assez longtemps pour sauver 13 mulets chargés.
Le sergent Claude-François Carset, blessé à la main droite, répond aux camarades qui le plaignent "Sancro y me reste enco la man gaussa pe le service dou Ré".
Suivent des combats héroïques du Col de la Coletta, etc.
En 1796, Bonaparte commande en chef l'armée française d'Italie.
L'Armistice de Cherasco met un terme provisoire aux combats. La petite armée sarde a lutté vaillamment. Le bataillon de Savoie a subi de très grosses pertes. En février 1797, le directoire français oblige le gouvernement sarde à fournir un corps d'auxiliaires à l'armée d'Italie : 461 hommes du 2ème bataillon de Savoie en feront partie. Beaucoup s'illustreront dans des combats héroïques et seront par la suite décorés de la Légion d'Honneur.
A la chute de l'empire en 1814, Janus de Sonnaz, originaire de Thonon-les-Bains, lance un appel pour faire renaître la Brigade de Savoie.
En 1848, le roi Charles Albert pour répondre à l'appel de la Lombardie menacée, entre en guerre avec l'Autriche.
Dans ces deux malheureuses campagnes, la Brigade de Savoie sera présente avec efficacité avec ses meilleurs chefs. Elle s'illustrera le 30 avril à Pastrengo.
On commémorera la bataille de Sona par une plaque gravée, portant inscrit :
"Le 23 juillet 1848, le 2ème Régiment de Savoie, formant une digue devant l'irruption de 3 brigades autrichiennes, permis la retraite ordonnée des italiens."
 
Guerre de Crimée
 
En 1854, Français, Anglais, Turcs, alliés, se battent contre les Russes en Crimée, presqu'île du Sud de la Russie, sur la Mer Noire.
La guerre se prolonge plus que prévue, marquée de combats meurtriers. [Celui de l'Alma, immortalisé par le zouave du Pont de l'Alma à Paris].
Les alliés s'épuisent. Le roi Victor Emmanuel contracte alliance avec eux. Un corps expéditionnaire s'organise. Dans ce corps de 18'000 hommes on incorpore les 3ème et 4ème bataillons de la Brigade de Savoie.
A Alexandria, le 18 avril 1855, remise des drapeaux au corps expéditionnaire qui s'embarque à Gênes. Un Savoyard demande à son sergent :
  • "L'Empereu de Russie sa te que lou cravata rojo arve ?"
  • "Oua, bétian, lu a dai"
  • "Ta qué la dai ?"
  • "On e fotu"
Débarquement dans le port de Balaklava où le choléra commence ses ravages. Au choléra, s'ajoutent bientôt typhoïde, malaria, scorbut.
Le corps sarde perdra 2'000 hommes par maladie.
Pour atteindre Sébastopol où sont retranchés les Russes, on livre bataille autour de la rivière Tchernaïa. Les Sardes, installés sur un piton,  "Le rocher des Piémontais", vont se distinguer grâce à leur artillerie.
Les Russes battent en retraite, poursuivis par les Français et les Savoyards commandés par le Colonel savoyard Mollard.
Victoire de la Tchernaïa, au lourd bilan :  8'000 morts.
Le campement s'organise, le ravitaillement s'améliore. La polenta sera sujet de discorde entre les Piémontais qui la mangent dure et les Savoyards qui la mangent molle.
En septembre 1855, les Français emportent la tour de Malakoff qui défendait Sébastopol.
Fin mai, toutes les troupes sardes ont rejoint leur patrie en vainqueurs.
A son retour, la Brigade de Savoie défile à Chambéry en chantant pour la première fois "Les Allobroges".
 
DRÊT-HIÔT
 
 
1859
 
La campagne franco-sarde de Lombardie contre l'Autriche, en 1859, scellera le sort de la Savoie et de la future Italie. La Brigade de Savoie y participera avec une extraordinaire efficacité.
Le 29 avril 1859, la guerre éclate.
D'un côté, l'armée austro-hongroise : 118'000 hommes.
En face, les Français de Napoléon III : 107'000 hommes et l'armée sarde : 67'000 hommes. Parmi ceux-ci, la Brigade de Savoie commandée par le Colonel Louis Perrier : 3754 hommes.  La guerre durera deux mois.
Les troupes franco-sardes s'éloignent du Piémont, en direction de Milan, poussant devant eux les Autrichiens qui se dirigent vers le lac de Garde, vers leurs formidables places fortes Mantoue – Segnano – Vérone – Porcheira.
Au cours de cette marche éprouvante, des accrochages meurtriers : Montebello, Palestro, Magenta, prise de Milan, et des faits extraordinaires, entre autres celui du Capitaine Delavenay, de la Roche-sur-Foron, qui, avec quelques hommes, fait prisonniers sans coups férir d'abord les officiers d'une compagnie ennemie, a obligé leurs hommes à déposer leurs armes et à se constituer prisonniers.
L'armée autrichienne se regroupe au sud du lac de Garde.
Le 24 juin,  combats sur un front de 20 km. En plaine, les Français engagés sur un terrain dominé par la tour de Solferino.
Dans les collines voisines, les Sardes attaquent San Martino et la Madona della Scoperta, positions clés.
Le Général Mollard, d'Albens, dirige l'attaque.
La Brigade des Grenadiers de Sardaigne commence à fléchir quand arrivent les cravates rouges de la Brigade de Savoie. Au pas de charge, battu avec vigueur par les tambours, elle traversa, superbe, les intervalles des compagnies qui l'acclameront par une formidable attaque à la baïonnette. Elle repoussera l'ennemi jusque sous les murs de la Madonna della Scoperta, récupérera tout le terrain perdu, restant maîtresse du terrain conquis.
Le Colonel de Rolland venait de remplir la dernière page et non la moins glorieuse de l'histoire de la Brigade des cravates rouges.
Le 25 juin, devant ce charnier couvert de morts et de blessés, 45'000 hommes hors de combat, Napoléon III arrête la campagne. Le Genevois Henri Dunant, qui était sur place, décide de créer la Croix Rouge.
DRÊT-HIÔT
 
 
Fin de la Brigade
 
L'Armistice est signé le 12 juillet 1859.
La Brigade de Savoie rejoint sa garnison de Turin où elle fut reçue avec un énorme enthousiasme aux cris de "Vive les cravates rouges".
Pendant les deux siècles de son existence, la Brigade de Savoie a combattu sur tous les fronts pendant 92 années.
Le 1er avril 1860, Victor Emmanuel II relève les Savoyards de leur serment de fidélité. Un référendum est alors organisé à Turin. Le résultat est le suivant :
Sur 6'350 votes :
  • 6'033   pour la France
  •    283   pour l'Italie
  •     34    nuls
La Savoie redevient française.
Les officiers et soldats savoyards, passant du service du roi de Sardaigne au service de la France, furent admis à prendre rang dans le cadre français, chacun suivant son ancienneté de grade et de rang.
 
DRÊT-HIÔT