DOCUMENTS HISTORIQUES
blasonpe.jpg(2958 octets)
Retour à la page d'accueil
Certificat de congé
Solferino
Séance du parlement Sarde le 26 mai 1860
 
 
Certificat de congé
 
 
Certificat de congé définitif délivré par le Colonel Jaillet de Saint-Cergues (Humbert),
Commandant du Régiment de la Brigade de Savoie, au soldat
BERGUERAND Jean-Baptiste
de la Compagnie DIGRAT, classe 1813, fils de Batiste et Josette BOZON, né à Vallorcine, province du Faucigny le 18 janvier 1813.
Il a bien servi durant son service
Il peut se retirer où bon lui semblera.
Les autorités civiles et militaires sont priées de le laisser passer librement, sans empêchement.
Le présent congé a été signé de notre main le 7 septembre 1850.
Le Colonel Humbert Jaillet de Saint-Cergues
Signes particuliers :
Stature : 1.80 m.
Cheveux : châtains clairs
Yeux : gris
Front : large
Nez : gros
Bouche : moyenne
Teint : rougeaud
Visage : oblong
Profession : laboureur
Soldat : 16 janvier 1824
Grenadier : 1er juin 1834
congepet.jpg (13683 octets)

cliquez sur l'image pour la visualiser

DRÊT-HIÔT
 
 
 
 
SOLFERINO
 
  Solferino écrit par Just SONGEON
Tout était bouleversé. Bon Dieu ! quelle fournaise ! ...
De çà, de là, les canons ronflaient.
Partout à travers champs, les balles sifflaient,
Se plantaient au képi comme des guêpes mauvaises.
Les Autrichiens étaient tous venus ! Une bande de Sarrazins,
Ça ne connaît point de pitié, ni mère, ni conscience,
La colère du Bon Dieu, le reste de sa vengeance,
Des sauvages à face brûlée, noirs comme des mûres.
Ça n'allait pas tout seul... Avec les yeux dans le feu
Il fallait aller en avant, de la boue jusqu'aux cuisses.
Les andains brandissaient ; la partie est perdue !
Il faut s'attendre à tout quand le diable s'en mêle.
 
Puis, que faire, mes enfants ?... Avec cette bande de loups
Nous étions des grillons pris dans un trou de taupe.
Assez dit ! Il fallait qu'un des deux passât sous le joug,
Ou tombât contre terre la tête la première .
 
Les forts parmi les forts parlaient de drapeau blanc...
Le roi de Piémont, parait-il, pleurait dans ses moustaches, Garibaldi, le barbu, gémissait doucement
D'être pour la première fois pris pour un lâche.
 
Tout d'un coup, dans les maïs, d'une voix de tonnerre,
Un capitaine s'allonge sur la tête de son cheval !
" La brigade de Savoie !... où est-elle, cré tonnerre ?
Enfants, ne reculez pas : hardi ! arrivez tous !
Un coup de collier, cré nom ! Hardi ceux de Savoie
Il faut leur faire le poil, ou mourir ! ... Et capoè i"
Et du fond des champs de riz, et du fond des champs de maïs,
De partout, on voit sortir, tout droits, les Savoyards,
Tous ceux non encore morts, aux jambes encore chaudes.
Ceux qui n'ont jamais su ce que veut dire " renâcler "
Vérons, Chablaisiens, Thônains, Faucignerands,
Rumilliens, Beaujus, Tarins, Mauriannais, Seysselands,
Les patauds de la Semine, les francs buveurs de la Montagne,
Les cordonniers d'Alby, les Bornens, les Gavots...
Des sapins de Cordon aux vignes de la Chautagne,
Tous sont venus ! ...
" ... Capitaine, on les secoue ! "
 
En avant ! la Savoie ! Et les Garibaldiens
Regardaient passer droits comme un mu-raille La poignée de Savoyards contre les Sarrazins
Se lancer, tels des taureaux, au milieu de la mitraille.
 
Ils n'ont pas fait deux plis... A la pointe du jour
Les Sarrazins, laissant leurs canons, leurs cliéfoires,
Les deux cuisses serrées, étaient déjà partis,
Au grand galop, retourner en Hongrie.
Y été tot sè dsu-dzo, Bon Diou ! quinta fornaise!.,.
Pé l'damo, pé l'dava, lô canons ronfliivont.
Partot, travé lô champs, les balles pioulivont,
S' pliantivont dié l'képi, comme d'ouêpes mauvaises.
L'Z'Autricchïens t'ont tô venus ! Na tropa d'Farazhins
Cë n'cogniet pouë d'pédia ni mâre, ni conchènce,
La colère du Bon Diu, et l'resto d'sa méçhènce,
D'sauvazhes, à grouë brulâ as né que d'pétazhins.
N'y allâve pas tot solet... Avoué lô jus diê l'foa
Follé marçhi d'l'avant, d'borda jusqu'é patalles,
Et l'zandé s' fassont grands ; la partia z'est pardioa !
E faut s'attèdr'a tot, quand y est l'diablio qu'tarballe.
 
Poué, qu'faire, mô z'efants ?... Avoué lla bêda d'leups
On n'tè prè cmé d'grïllets diè l'cro d'na zharbonire.
Y est preu det ! Ion dé dou : fallè passâ dzo l'zheu,
U tombâ par tieba, la téta la promire !
 
Lô p'lurons dé lurons parlivont d'drapeau blianc...
Parait que l'Ré d'Pïmont plieurâve diê sô mostâches,
Garibaldi l'barbu n'ê gemssive, à plian,
D'étre pe l' promi coup, d'étr' â nom seudâ lâche.
 
Tot d'on coup, diè les gaudes, avoué na voué d'tonnero.
On capitaine s'étouille, su ta téta d'son çhevau :
"La Brigâda d'Savoué ?... Yo tou qu'l'est, cré tonnerro ?
"Zèfants, faut pas capnâ : hardi ; amanâ vô !
"On coup d'borè, carogne ! hardi ! llo d'la Savoué
"E faut lé manii l'pet, u crapi !... Et Capoë !"
Et du fond des çhamps d 'riz, et du fond dé çhamps d'gaudes
D'partot, on vê sorti, tot dret, lô Savoyards.
Tô llo qu'ne sont pas morts, qu'ont les piottes onco çhaudes,
Tô Ilo qu 'nont jamais chu ç'que vu dire : "Arnâclia" :
Vérons, Chablaizins, Thounains, Faucignerands,
Capoê, Bojhus, Tarins, Maurianais, Seysselands,
Lô pattus d'la Semna, lô golus du d'Damo
Lô Cordani d'Arby, lô Bornê, lô Gavot...
Dè lô sapins d'Cordon égorllie d'la Çheutagne...
E sont tô venus....
" ... Capitaine, on les rnagnië ! "
 
En avant ! la Savouè !....fit lô Garibaldiens
Z'arguêtivont passâ, as drèta qu'na moraille
La pognia d'Savoyards contre lô Farazhins
S'lanci, comme d'bovets, drava dïè la mitraille.
 
Et n'ont pas fait dou plii... Et à l'ârba du zho,
Lô Farazhins, laissê leu bâli, leu z'estricliè,
Les dioé couesses serrées, s'étont netia de dzo
U grand décime galop, p'artornâ diè l'z'Hongrilliè.
DRÊT-HIÔT
 
 
 
 
Séance du parlement Sarde le 26 mai 1860
 
hommage du personnel politique à la Brigade de Savoie.
 
 
Tout au long des débats,aussi bien à la chambre des députés qu’au Sénat,l’ensemble de la classe politique,toutes tendances confondues,rendit hommage aux militaires savoyards et niçois.
Cavour le premier, n’hésita pas à exprimer sa peine de devoir se séparer de troupes aussi fidèles, mais son hommage s’adressait surtout aux Savoyards. Ainsi, le 26 mai, à la Chambre, avec force talent oratoire, il s’adressa aux députés : « Oui, messieurs…j’ai pu apprécier quel concours les Savoyards donnèrent à l’armée ; j’ai pu apprécier combien leur loyauté et leur caractère sévère contribuèrent au bon déroulement des choses… » Au baron de Talleyrand, il décrivait, avec une certaine fierté agrémentée d’une pointe de vanité, toutes les qualités dont la Brigade de Savoie était, selon lui,porteuse. « La Brigade de Savoie, je suis heureux de le déclarer, n’a cessé un instant d’être un modèle de subordination et de discipline, comme elle a toujours été un modèle de bravoure et de dévouement… »
D’autres firent beaucoup mieux que lui. Ainsi, le député Dominico Carutti, secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, s’exprima en ces termes le 25 mai, à la Chambre :
 
« Adieu valeureux peuples de la Savoie, adieu fils de Nice la bien-aimée ! Vous fûtes l’écran et le rempart contre les phalanges étrangères, souffrant aux racines de nos montagnes ; désormais, vous ne serez plus ! Jamais plus vous ne porterez bien haut le cri national de Vive le Roi ! Jamais plus vous ne partagerez les fatigues des champs de bataille, sur lesquels résonna si clair et honorée votre renommée dans le monde.
 
D’autres enfin, à l’image du député Borella mêlèrent à l’hommage qu’ils rendaient aux soldats savoyards et niçois, un sentiment de gratitude pour les services rendus à la Patrie : « Je croirais pécher par ingratitude…si je ne déplorais pas profondément, sincèrement, la perte que nous faisons de tant de braves militaires, si valeureux, si disciplinés, si dévoués de tout temps à notre drapeau.
 
 
Extrait du livre  de Hubert Heyriès  ‘’ Les militaires savoyards et niçois entre deux patries 1848/1871
DRÊT-HIÔT